Pamela

Pamela, c’est un feuilleton à l’eau de rose expérimental trash. Pamela, c’est une jeune femme à la chevelure étincelante accoudée à la balustrade en bois de teck blanc qui surplombe la baie de Palm Beach. Pamela, c’est une héroïne de roman Harlequin embarquée dans un mythe de la Fin des Temps dont elle est le prophète. Pamela, c’est le nom du cyclone économique qui menace d’engloutir la société capitaliste. Pamela©, c’est le nom d’un dreamware* buggué dont le virus s’étend à la réalité. Pamela, c’est un film sans images à écouter dans le noir. Pamela, c’est du cinéma dans la tête. Pamela, c’est une héroïne de feuilleton à l’eau de rose dont le virus s’étend à la réalité. Pamela, c’est le nom du cyclone économique qui menace d’engloutir une jeune femme à la chevelure étincelante accoudée à la balustrade en bois de teck blanc. Pamela, c’est un roman à l’eau de rose qui surplombe la société capitaliste qui l’a engendré. Pamela, c’est un film sans images embarqué dans un cyclone métaphysique. Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’est/Pamela, c’…

*oniriciel, jeu vidéonirique

Épisode 1 - Palm Beach

Pamela, jeune femme à la chevelure étincelante, est accoudée à la balustrade en bois de teck blanc qui surplombe la baie de Palm Beach. Elle attend le retour de John, son compagnon, parti chercher des cocktails au jus de papaye, et qui a quelque chose de très important à lui dire. Pendant ce temps, elle contemple les reflets du soleil dans les vagues. Bientôt, elle se contemple elle-même contemplant les reflets du soleil dans les vagues, puis elle se contemple elle-même se contemplant contemplant les reflets du soleil dans les vagues. Et ainsi de suite. À l'infini. Un nombre incalculable de Pamela sont accoudées à la balustrade en bois de teck blanc. Palm Beach explose, saturé de Pamela.

Épisode 2 - L’île déserte

Après l’explosion de Palm Beach, Pamela a retrouvé John sur une île déserte. Tandis que les kurus-kurus mâles chantent dans la fin du jour, John dépose un baiser brûlant sur les lèvres de Pamela. Le moment est idyllique, jusqu’à ce qu’un bug apparaisse dans le décor. Lorsque John déclare à Pamela, je cite : « La seule chose qui compte au monde, c’est que nous soyons kurus-kurus à présent », Pamela comprend que quelque chose ne tourne pas rond. Bientôt, John est emporté par une déferlante de kurus-kurus. La dernière parole de John hante Pamela : « Blancheur…».

Épisode 3 - Dans la blancheur

Le Processus, ce terrible virus qui modifie le tissu même de la réalité, s’est emparé de l’île où Pamela et John s’étaient retrouvés. Pamela flotte entre la vie et la mort dans une longue traversée de la blancheur. Elle y croise son rêve le plus cher, ainsi qu’une chambre d’hôpital où se joue son destin.

Épisode 4 – Home Sweet Home

Pamela pense avoir retrouvé son chez elle, du côté anti-processiste du monde – là, où l’on se croit épargné par le Processus, ce terrible virus qui déforme le tissu même de la réalité. En effet, le journal télévisé annonce que l’on vient d'édifier d’un Mur qui coupe le monde en deux : le côté anti-processiste, épargné par le Processus, et le côté progressiste, où le Processus fait rage. Mais à bien y regarder, le Processus affleure déjà dans le jardin de Pamela, et son John lui-même semble corrompu. Il plante d’étranges « graines » dans le jardin. Pour Pamela, c’est est trop. Il est temps de s’en aller.

Épisode 5 – De l’autre côté du Mur

Pamela est passée de l’autre côté du Mur, chez les Processistes, là où le Processus fait rage. Elle espère qu’elle n’a pas fait une erreur en venant chercher John jusqu’ici. Quand elle arrive au manoir de John, on lui fait comprendre qu’elle ne pourra pas rencontrer le maître des lieux avant le bal du soir. Pamela décide de tenter sa chance et se lance à sa recherche dans le manoir. Plus tard, en fouillant dans le bureau de John, elle tombe sur une étrange cassette vidéo chosophile. Mais le majordome finit par la retrouver et lui fait comprendre qu’il est temps d’aller au bal.

Épisode 6 - Le bal

Pamela est invitée au bal du soir dans le manoir de John. Mais la fête vire rapidement en orgie chosophile où tout le monde copule avec tout chose. Ces croisements improbables sont en train de donner naissance à un être nouveau, une sorte de raie manga géante du langage. Pamela s’enfuit à dos de poney, parcourant les plaines infinies du Processus.

Épisode 7 – La tablette sacrée

Dans un monde presque entièrement rongé par le Processus, Pamela est recueillie par une étrange tribu : les Linguotomes – une tribu d’hommes post-historiques qui se sont coupés la langue il y a bien longtemps car ils pensent que le Processus se transmet par la parole. Leur légende veut qu’une tablette en cire sacrée, cachée dans le dernier coin de nature au monde, permettra de stopper le Processus. Après une longue quête, Pamela finit par découvrir la tablette sacrée. Mais lorsqu’elle veut la lire, elle réalise que la tablette est vierge. « Blancheur »...

Épisode 8 - Épilogue

Le Processus se referme sur le monde. Pamela est engloutie. Tout est englouti. Tous les êtres, vivants ou inertes, sont mélangés les uns aux autres. Un être nouveau se forme de ces croisements. La raie manga géante du langage, flottant dans l’hyperespace. Cet être ultime, cette forme d’intelligence supérieure succédant à l’homme dans le cours de l’évolution, c’est...

voir aussi : Pamela (texte) ; Pamela (performance)