Ishtar
Fiction - 4 épisodes - 2024
Tendez l’oreille, l’électricité vous parle…
« Consommez toujours plus de datas tout en protégeant la Planète », telle est la promesse de l’entreprise Hyper-Ion, nouvelle venue sur un marché de l’énergie en crise. Sa recette ? L’électricité grise : une technologie révolutionnaire consistant à recycler en énergie nos données grises – ces gigaoctets de données inutiles que nous produisons chaque jour avec nos smartphones et objets connectés. Comment cela marche ? Personne ne le sait.
Se remettant à peine d’une séparation et du décès de sa sœur, Ishtar, journaliste aux ambitions contrariées, commence à entendre des voix… d’un type bien particulier : les voix des objets électriques. Délire-t-elle ? Ou bien est-elle en train de mettre au jour un gigantesque scandale mondial ?
Épisode 1 - Les Voix - 23:46
Et si vous écoutiez ce que vos voix ont à vous dire ?
La journaliste Ishtar Vandervelde se rend chez le psycho-acousticien. Depuis qu’elle s’est abonnée à l’électricité grise de l’entreprise Hyper-Ion, elle entend des voix. Mais sa thérapie prend fin abruptement – il ne lui reste plus que quelques jours pour aller vider l’appartement de sa sœur, récemment décédée.
Épisode 2 - Spéciale aux anchois - 27:39
Alors comme ça, vous ne faites pas QUE vendre des pizzas ?
La voiture autonome qui la conduit chez sa sœur fait une halte inopinée sur le parking de l’entreprise Hyper-Ion. Elle y découvre un univers interlope, qui la convainc qu’il y a là un sujet pour ce Grand Reportage qu’elle rêve depuis longtemps de faire.
Épisode 3 - Tabula Rasa - 27:48
432, ça entre en harmonique avec la fréquence de la Terre.
Ishtar arrive enfin dans l’appartement de sa sœur pour le vider de ses derniers objets : havre de paix ? ou caisse de résonance de ses voix enfouies ?
Épisode 4 - En la Demeure Obscure - 25:05
Comme Ulysse attaché au mât de son bateau pour écouter le chant des sirènes.
Ishtar le sait : la vérité a un prix – un prix qu’elle est bien décidée à payer pour percer à jour le secret de l’électricité grise.
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Équipe de réalisation
Écriture, réalisation, production et création sonore : Sebastian Dicenaire
Prise de son : Bastien Hidalgo Ruiz
Montage-son et création sonore : Héléna Réveillère
Consultant montage : Mathieu Haessler
Bruitage : Julien Baissat
Mixage: Antoine DuwaertsInterprétation
Ishtar : Alexia Depicker
Kigal : Sonia Pastecchia
Duanna : Camille Léonard
Benoît : Yvan Tjolle
Madame Pizza : Cécilia Kankonda
Yvan l’IA, le vigile, l’employé du Recypark : Vincent Londez
La cousine Éliane, l’infirmière : Coraline Clément
Le déménageur : Laurent Bonnet
Le réceptionniste, Lucas : Marouan Iddoub
Miranda, Hanna : Ingrid HeiderscheidtIllustrations
Anaïs PsaïlaMerci à
Gaspard Caroyer et aux studios LOW (Wavre) et La Notte (Bruxelles)Production
Welcome to Earth, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du Ministère de la Culture (France), des Ensembles 2.2, de l’acsr et de Par Ouï-Dire.License
SACD 2024 -
DescriptAlors que les prix de l’énergie ne cessent de grimper, menaçant de remettre définitivement en question nos modes de consommation, un nouveau fournisseur d’énergie, Hyper-Ion, fait son apparition sur le marché avec des prix cassés. Sa recette ? L’électricité grise : une technologie révolutionnaire qui consiste à recycler en énergie nos données grises – ces gigaoctets de données inutiles que nous produisons chaque jour avec nos smartphones et nos objets connectés. Comment cela marche ? Personne ne le sait exactement. Le secret industriel est bien gardé.
Ishtar, journaliste scientifique aux ambitions contrariées, vit une passe difficile : son nouveau statut de mère lui pèse, elle est en pleine séparation avec son compagnon, et elle a dû mal à gérer le récent décès de sa sœur. C’est lorsqu’elle s’abonne à Hyper-Ion – comme des millions de consommateurs avant elle – qu’un phénomène étrange se produit. Elle commence à entendre des voix, des voix d’un type bien particulier : les voix des objets électriques. Alors qu’elle roule vers l’appartement de sa sœur pour le vider de ses derniers objets, elle tombe nez à nez avec une ferme de serveurs de l’entreprise Hyper-Ion. Ses hallucinations auditives n’y ont jamais été aussi fortes. Elle comprend que, loin d’être le handicap qu’elle s’imagine, ces « voix de l’électricité » sont un véritable don du ciel : elles vont lui permettre de remonter à la source de l’électricité grise pour en percer le secret. Enfin elle va pouvoir réaliser ce Grand Reportage qui va la sortir de l’anonymat journalistique dans lequel elle croupit depuis trop longtemps.ion de l’élément
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Ishtar peut s’écouter comme un conte. Tout conte, au fond, parle de la réalisation d’un désir inavouable. Le désir dont il s’agit ici, sous la forme de l’électricité grise, est celui de notre capitalisme tardif : le rêve de ne pas avoir à renoncer à notre confort moderne tout en se dotant d’une bonne conscience écologique. Ce que cette pensée magique fait miroiter, c’est la possibilité d’un cercle vertueux entre consommation et production d’énergie renouvelable – l’équivalent d’un permis de continuer à surproduire, comme dans le « bon vieux » monde de la croissance infinie.
Signer avec ce mirage, c’est se tromper soi-même. Or tout déni de la réalité finit par se payer cher. C’est ce qu’Ishtar va apprendre à ses dépens. Qu’elle le veuille ou non, elle a signé le pacte faustien d’Hyper-Ion ; même si c’est en apparence pour dénoncer ce « conte » au travers de son enquête, elle ne s’en nourrit pas moins, elle lui donne consistance au profit de sa propre démesure.
Dans la mythologie babylonienne, Ishtar est la déesse de la Guerre ET de l’Amour. Deux notions qui paraissent aujourd’hui inconciliables. Un mythe se reconnaît à la diversité des interprétations qu’il suscite. Ici, ça ne sera pas l’icône féministe qui sera convoquée, mais la figure de la Complexité, de l’Ambivalence. Dans Ishtar en effet, tout possède toujours deux faces. Comme le dit un des personnages : « Il n’y a pas une vérité, il y en a plusieurs – parfois contradictoires, et pourtant vraies en même temps. » Comme dans le mythe, Ishtar rencontrera sa sœur dans le monde des morts : celle-ci a-t-elle réussi à survivre sous forme d’un avatar numérique ? ou n’est-elle que la survivance d’un deuil qu’Ishtar n’arrive à achever ? La fiction ne tranchera pas. Comme dans la vraie vie, il dépend à chacun.e d’en juger.